< Retour

Le village de Pierry

Aux portes méridionales d’Epernay et de la Vallée de la Marne, le village de Pierry – dont le nom fait probablement référence à l’omniprésence de la pierre dans les sols – est un peu le berceau familial des Sélèque. Mais c’est aussi et surtout un des berceaux historiques de l’art de l’assemblage et de la champagnisation.

S’il est moins célèbre que son contemporain de Hautvillers, Dom Pérignon, c’est à Pierry que le Frère Jean Oudart, bénédictin de l’Abbaye de Saint-Pierre-aux-Monts à Châlons-en-Champagne, va largement contribuer à la mise au point et l’émergence des vins de Champagne. Dès la fin du 17ème siècle, il se passionne pour la culture des vignes que les moines possèdent ici (mais aussi à Epernay, Chouilly, Avize, Cramant). A la tête de la Maison de Pierry, Frère Oudart a joué un rôle essentiel (en collaboration avec Dom Pérignon) dans la mise au point de la méthode champenoise et le succès des vins mousseux auprès de la noblesse du Royaume puis de la plupart des Cours européennes et même jusqu’au Nouveau-Monde. Certains experts lui prêtent volontiers la paternité du principe de liqueur de tirage utilisée pour la prise de mousse… Ce qui est certain, c’est qu’au début du 18ème siècle, les champagnes de Pierry, élaborés selon « la méthode de Frère Oudart » (comme de nombreux documents de l’époque en font mention), s’échangent aux mêmes prix très élevés que ceux d’Hautvillers du fameux Dom Pérignon !

Le vignoble de Pierry occupe aujourd’hui un peu plus d’une centaine d’hectares, situés entre 80 et 200 mètres d’altitude. Quasi-intégralement exposé au Sud, il fait face aux Coteaux de Cuis (sur la Côte des Blancs) d’un côté, et de Chavot de l’autre. A elle seule, la colline de Pierry, intégralement classée en Premier Cru, synthétise la formidable diversité de sols et de terroirs qui fait la singularité des Coteaux Sud d’Epernay.

Plan des parcelles JMSélèque à Pierry

Sur les parties hautes de la colline, les sols de l’ère sparnacienne sont profonds et argileux, et conviennent particulièrement bien au pinot meunier, qui offre des vins au profil fruité et juteux. A mi-coteau, les pentes sont plus fortes et les sols d’argiles moins profonds. La craie est plus proche et les silex souvent très présents en surface, tous deux apportant structure, finesse et fraîcheur. Le chardonnay voisine ici avec le pinot noir. Enfin, sur le bas de colline, les sols de limons argileux sont chargés de petites pierres de silex mais aussi de veines de craie, souvent très proches de la surface. Ici, le pinot meunier domine à nouveau largement.

Au final, les 3 cépages, pinot meunier (50% environ), chardonnay (30%) et pinot noir (20%) trouvent à Pierry des expressions complexes et très équilibrées, entre densité fruitée et fraîcheur minérale et  crayeuse.